Economie & emploi

La Chambre de commerce alerte sur la trajectoire financière « inquiétante » du Luxembourg 

Le modèle luxembourgeois est-il à bout de souffle ? C’est en somme la question que pose la Chambre du commerce à l’occasion de son avis sur la programmation financière pluriannuelle de l’État pour la période 2025-2029. Le ralentissement de la croissance économique couplée à une hausse des dépenses publiques, et mécaniquement une augmentation de la dette, n’est pas sans poser de questions.

Au point que la Chambre décrit aujourd’hui la trajectoire du Grand-Duché comme « fragile et inquiétante », appelant à un retour à la discipline budgétaire pour assurer la soutenabilité des finances du pays à long terme. 

La Chambre de commerce a présenté son analyse de la trajectoire budgétaire à la presse ce mardi 25 novembre 2025. Ici, Christel CHATELAIN, directrice des affaires économiques, Carlo THELEN, directeur général de la Chambre de commerce et Anthony VILLENEUVE, économiste à la Chambre de commerce.

Contrairement aux attentes, le niveau de dépense de l’État luxembourgeois n’est jamais redescendu après la pandémie de Covid-19. Les dépenses publiques devraient atteindre 45,5 milliards d’euros en 2026, soit une hausse de 5,6 % par rapport à 2025. Selon la Chambre, la trajectoire engagée conduirait à plus de 53 milliards de dépenses à l’horizon 2029.

« En 2000, la puissance publique représentait 38 % du PIB du Luxembourg et en 2025 elle sera à 48,2 % et l’année prochaine à 48,3 %. En un quart de siècle, la puissance publique s’est invitée à hauteur de 10 points de PIB au Luxembourg. C’est un rythme de progression qui est extrêmement préoccupant. »

indique Anthony VILLENEUVE, économiste à la Chambre de commerce

Le poids de l’Administration centrale est notamment au cœur des préoccupations. Son budget dont le coût est de 30,8 milliards d’euros grimperait à plus de 37 milliards d’ici 2029. La Chambre se dit préoccupée du « caractère rigide et difficilement réversible » d’une large part des dépenses, consistant essentiellement de la masse salariale. Rappelons que le nombre d’équivalent temps plein de l’État central a déjà progressé de 42 % entre 2016 et 2024.

Dans le même temps, les prévisions de croissance du PIB ont été revues à la baisse, à 2 % en 2026, puis 2,3 % en 2027 et 2028. Certaines recettes « non-pérennes » pourraient aussi être remises en cause par l’évolution de la législation européenne, à l’image des droits d’accises sur le tabac. « Ce sont des parties importantes des recettes luxembourgeoises qui pourraient être mises à mal », explique Christel CHATELAIN, directrice des affaires économiques. 

L’écart entre la progression de l’économie réelle et les dépenses publiques devrait donc atteindre des niveaux records, sauf inflexion de la politique du pays. La notation AAA du Luxembourg pourrait à terme être remise en question selon la Chambre. 

S’ajoute à ces phénomènes une lame de fond qui promet de bouleverser les équilibres financiers du pays : le vieillissement de la population. Un facteur qui s’annonce coûteux :

« Bien que le Luxembourg soit le pays européen avec la démographie la moins défavorable, il est aussi celui où le coût du vieillissement sera le plus élevé d’Europe, à législation constante. »

détaille Anthony VILLENEUVE.

Des déficits croissants devraient être enregistrés par les branches maladies et dépendance après 2026. La dernière réforme de l’assurance pension n’aura finalement permis de rester à l’équilibre qu’une année supplémentaire. La Chambre recommande donc d’adresser sans tarder la question par des réformes structurelles pour assurer la pérennité du modèle social

Plus largement, elle appelle désormais l’État à faire des choix budgétaires réfléchis, sans sacrifier la compétitivité et la productivité de l’économie luxembourgeoise. Carlo THELEN, directeur général de la Chambre de commerce, évoque ce dérèglement structurel des finances du Luxembourg et précise les recommandations de la Chambre :

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