Les frontaliers vont-ils arrêter d’aller acheter leurs paquets de cigarettes de l’autre côté de la frontière ? C’est une vraie possibilité. L’Union européenne envisage actuellement de réformer la fiscalité du tabac, en alignant notamment les prix des produits en fonction du pouvoir d’achat des pays.
Au Luxembourg, le coût du paquet pourrait alors exploser pour le consommateur.
Et si le paquet de tabac augmentait subitement au Grand-Duché, combien feraient encore le déplacement ? C’est la nouvelle donne qui attend les frontaliers mosellans si les projets de la Commission européenne voient le jour.
La Commission envisage d’augmenter le niveau minimum de taxation du tabac pour les États membres, soit une augmentation de la taxe minimale de 139% pour les cigarettes et de plus de 250% pour le tabac à rouler. La mesure n’aurait aucun impact en France où les taxes sont déjà importantes, mais entraînerait mécaniquement une hausse du tabac au Luxembourg, et dans les pays où le produit est encore relativement peu taxé.
L’augmentation du « plancher de taxatation » pourrait également s’accompagner d’une harmonisation du prix du tabac qui prendrait en compte le niveau de vie des résidents du pays. Au Luxembourg, le prix du paquet augmenterait de 3,5 euros, soit 60 % du prix total.
Il resterait toujours plus avantageux d’acheter des cigarettes au Luxembourg qu’en France, mais la différence entre les deux marchés se réduirait considérablement. Cela permettrait de réduire les flux frontaliers, jugés comme un frein aux politiques de santé nationales.
La Commission prévoit dans le même temps l’instauration de 5 nouvelles taxes pour son budget 2028-2034, dont une sur le tabac qui inclut l’affectation de 15% des « accises tabac nationales » – soit les taxes spécifiques prélevées sur produits du tabac – au budget européen, à partir de 2028. La mesure devrait rapporter 11,2 milliards par an.
Ces mesures sont conformes aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé, qui rappelle que le « tabac fait plus de 7 millions de morts chaque année, dont 1,6 million de non-fumeuses et non-fumeurs qui sont involontairement exposés à la fumée », sur son site internet.
L’Union européenne cherche quant à elle à freiner la consommation de tabac, tout particulièrement chez les jeunes, pour arriver à une « génération sans tabac » en 2040.
